Ménopause et dépression : comment l'identifier et la traiter
Sommaire
>Les symptômes psychologiques les plus courants pendant la ménopause
>Les conséquences de la dépression sur la santé
>Le lien entre ménopause et dépression
>Dépression pendant la ménopause : comment y faire face ?
La périménopause, puis ensuite la ménopause sont des processus naturels mais correspondent à deux périodes d’intenses chamboulements hormonaux dans la vie d’une femme.
La périménopause arrive en moyenne à 47 ans. Il s’agit de la période de transition hormonale précédant la ménopause : les règles sont très irrégulières, la production d’hormones sexuelles féminines (progestérone et oestrogènes) n’est plus comme avant et devient imprévisible, et le syndrome prémenstruel peut être aggravé durant cette phase qui dure en moyenne 4 ans.
Ensuite, la ménopause s’installe, après douze mois sans règles. La ménopause arrive en moyenne à 51 ans en France. Cependant, certaines femmes sont ménopausées bien plus jeunes.
Chez 80% des femmes, la ménopause est accompagnée de symptômes, plus ou moins handicapants. 25% des femmes auront des symptômes vraiment gênants au quotidien (qu’elles évaluent à plus de 8/10 en termes d’intensité).
Les symptômes peuvent être regroupés en 3 grandes familles :
- Les symptômes physiques : bouffées de chaleur, prise de poids, douleurs articulaires…
- Les symptômes psychologiques : anxiété et sautes d’humeur, irritabilité, symptômes dépressifs mineurs ou dépression majeure…
- Les symptômes sexuels et urinaires : sécheresse vaginale, troubles urinaires…
Dans cet article nous allons nous intéresser aux symptômes psychologiques et plus particulièrement à la dépression.
Les symptômes psychologiques les plus courant durant la ménopause
Les symptômes psychologiques qui peuvent perturber votre santé mentale et votre qualité de vie sont courants pendant la périménopause et la ménopause. On en dénombre quatre différents.
Ménopause et anxiété
L’anxiété est décrite comme une sensation de stress permanent. On distingue deux types d’anxiété différents : l’anxiété qui se fonde sur des pensées stressantes (on pense à des choses qui nous stressent dans notre quotidien) et l’anxiété dite “généralisée” (on se sent très anxieuse mais sans savoir mettre le doigt sur l’origine de cette sensation). Environ 50% des femmes se disent être plus anxieuses en période de périménopause et ménopause qu’avant.
Ménopause et irritabilité
L’irritabilité correspond à des sautes d’humeur. On peut se sentir de bonne humeur pour ensuite être de très mauvaise humeur quelques minutes plus tard. 60% des femmes déclarent être plus irritables au moment de la périménopause et de la ménopause par rapport à avant.
L'appli Omena propose également des programmes pour aider à lisser les sautes d'humeur.
Ménopause et état dépressif mineur
L’état dépressif correspond à un sentiment de tristesse et de manque d’intérêt pour les choses, et est souvent associé à un manque d’énergie au quotidien. Le syndrome dépressif mineur concerne 20 à 25% des femmes au moment de la transition ménopausique.
Attention il est très important de différencier l’état dépressif mineur qui est non grave et souvent passager de la dépression majeure (ou aussi appelée “état dépressif caractérisé”).
Ménopause et dépression majeure
La dépression majeure est diagnostiquée lorsque sont présents les 3 symptômes principaux de la dépression : humeur dépressive, perte d’intérêt pour les choses et manque d’énergie quotidienne mais aussi au moins deux autres symptômes parmi la liste suivante : concentration réduire, diminution de l’estime de soi, pensées et idées suicidaires, perte d’appétit, troubles du sommeil, sentiment de culpabilité et pessimisme concernant le futur.
Ces symptômes selon l’assurance maladie doivent être présents depuis au moins 2 semaines et provoquer un certain niveau de détresse chez la patiente.
Selon l’OMS, la dépression est le résultat d’une interaction complexe entre des causes psychologiques, sociales et biologiques.
Les conséquences de la dépression sur la santé des femmes
La dépression majeure peut avoir des conséquences très graves, elle doit être prise en charge par un spécialiste. Si vous pensez souffrir d’une dépression, parlez-en à votre médecin.
Au delà du risque de suicide, d’isolement, d’arrêt de travail prolongé, l’état dépressif induit un stress sur l’organisme qui peut avoir des conséquences importantes sur la santé c’est pourquoi il est important de le traiter. Les conséquences sont par exemple une augmentation du risque cardiovasculaire, une augmentation du risque de développer un syndrome du côlon irritable, et une augmentation du risque de développer des migraines chroniques. Si vous êtes concernée ne restez pas comme ça et essayez de prendre le temps d’aller consulter un spécialiste.
Le lien entre ménopause et dépression
Les changements hormonaux de la périménopause
Au moment de la périménopause, les taux d’oestrogènes et de progestérone sont très très variables. C’est très perturbant pour l’organisme. Chez la femme, quasiment toutes les cellules y compris les neurones ont des récepteurs aux oestrogènes. Le taux d’oestrogène est corrélé au taux de sérotonine. La sérotonine est l’une des hormones du bonheur ! Juste après l’ovulation, en deuxième partie de cycle, le taux d’oestrogènes baisse, ce qui provoque une baisse du sentiment de bonheur.
Après les règles, ce taux réaugmente et l’humeur peut à nouveau retrouver son état de bonheur “normal” et sa qualité de vie ! De même, la progestérone varie beaucoup en périménopause et la progestérone sert à stabiliser l’humeur et réguler le niveau d’anxiété.
Les femmes qui avant la périménopause avaient un syndrome prémenstruel important (sensation de mal-être physique et psychique avant l’arrivée des règles) sont plus susceptibles de ressentir les mêmes symptômes au moment de la périménopause.
Les changements hormonaux de la ménopause
Nous l’avons dit dans la partie précédente, les oestrogènes et la progestérone sont liés à la régulation du stress et à la sensation de bonheur. La progestérone est liée à l’acide γ-aminobutyrique, ou GABA, qui empêche l’excitation prolongée des neurones et régule ainsi le niveau de stress.
Une fois la ménopause installée, notre organisme ne produit plus d’oestrogènes ni de progestérone, ce qui peut expliquer l’apparition de symptômes dépressifs.
Les autres symptômes de ménopause qui peuvent aggraver la dépression
La périménopause et la ménopause s’accompagnent de nombreux autres symptômes potentiels qui peuvent également aggraver les syndromes dépressifs : les bouffées de chaleur et sueurs nocturnes sont corrélées à l’état dépressif (plus une femme a de bouffées de chaleur plus elle est susceptible d’avoir un état dépressif) - ce qui est plutôt logique car les bouffées de chaleur sont pesantes au quotidien, fatiguent et peuvent diminuer l’estime de soi et altérer la qualité de vie. La (péri)ménopause peut également réduire la qualité du sommeil ce qui engendre davantage d’anxiété et de risque de dépression, elle peut provoquer des douleurs articulaires qui font arrêter l’activité physique, ou encore elle peut réduire la libido ce qui peut poser des problèmes dans le couple ! La prise de poids est également un symptôme fréquent qui pèse sur le moral des femmes.
Ainsi, la ménopause peut hormonalement être à l’origine des troubles dépressifs mais c’est aussi possible que ceux-ci soient causés par les autres symptômes de ménopause et périménopause.
Les autres causes possibles de dépression à la ménopause
Enfin, rappelons que la dépression peut aussi être causée par des facteurs psychologiques et sociaux, pas seulement biologiques. La ménopause est une période bien particulière dans la vie, une véritable étape de la vie d’une femme où peuvent s’opérer de nombreux changements : il peut arriver que les parents en vieillissant tombent malades, les enfants quittent le nid… A tout ceci s’ajoute la charge mentale que supportent déjà les femmes au quotidien, bref ! C’est aussi un moment pour penser un peu plus à soi et à ce dont on a envie pour la suite. Les femmes ont trop tendance à s’oublier au profit des autres et ceci peut avoir des conséquences psychologiques importantes sur le long terme.
Le cas de l’insuffisance ovarienne prématurée
On parle d’insuffisance ovarienne prématurée lorsqu’une femme a des symptômes de déficit en oestrogènes (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale…) ou présente une aménorrhée de plus de 6 mois (absence de règles) avant 40 ans. On parle aussi de “ménopause précoce”. C’est une maladie qui touche 1 à 2% des femmes et qui complique énormément la fertilité. C’est une autre cause de dépression associée à la ménopause. D’autres femmes sont ménopausées “physiologiquement” (pas dans le cadre d’une maladie) mais trop jeunes à leur goût et le fait de réaliser qu’elles ne pourront plus avoir d’enfants peut également causer une grande détresse psychologique.
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Dépression pendant la ménopause : comment y faire face ?
La dépression se guérit bien avec la bonne prise en charge. Une dépression mineure telle que définie au début de cet article mais une dépression majeure nécessite une prise en charge spécifique avec un traitement prescrit par un psychiatre et un suivi par un psychologue.
Surmonter l’impact psychologique avec des bonnes pratiques d’hygiène de vie
L'activité physique
L’activité physique est un très bon levier pour améliorer sa santé mentale. Elle permet de sécréter des endorphines qui sont une des hormones du bonheur !
Elle permet également d’améliorer le sommeil, le niveau de concentration, l’estime de soi… Bref, on ne recommandera jamais assez de faire de l’activité physique ! Si vous n’avez pas l’habitude d’en pratiquer, nous vous recommandons de commencer par de la marche rapide, à hauteur de 30 minutes (d’affilée) par jour.
Avoir un régime alimentaire sain
Le régime alimentaire a aussi un impact sur l’humeur. Soignez votre alimentation : prenez soin de votre microbiote en consommant des produits fermentés, soyez à la recherche de vitamines et minéraux dans votre alimentation en consommant beaucoup de fruits et légumes, consommez suffisamment de protéines, tournez vous vers des super-aliments comme les germes de blé par exemple ! Également, les oméga-3 ont un impact sur l’humeur : on les retrouve dans les poissons gras (sardines, maquereaux…) et dans les graines de lin par exemple. Un régime alimentaire sain aide également à soulager les autres symptômes de ménopause et vous aidera à faire face à la fois aux symptômes physiques et psychologiques !
Avoir un bon sommeil
Le sommeil a un impact très certain sur l’humeur (et vice versa). Essayez de dormir suffisamment, faites des siestes courtes en début d’après-midi si besoin, mettez vous à la méditation ou à la sophrologie le soir pour vous détendre !
Si vous souffrez de troubles du sommeil chroniques, nous vous recommandons de suivre notre programme de thérapies comportementales et cognitives dans l’application Omena. C’est une pratique de psychologie utilisée dans les cliniques du sommeil pour aider les patients à retrouver une bonne qualité de sommeil.
Les traitements contre la dépression
Les médicaments contre la dépression
Les antidépresseurs
Les anti-dépresseurs les plus fréquemment prescrits à la périménopause et à la ménopause sont les inhibiteurs de recapture de la sérotonine. Ils sont également efficaces pour traiter les bouffées de chaleur ! En revanche, il faut obtenir une ordonnance de la part d’un médecin. Le traitement hormonal n’a pas encore fait ses preuves pour traiter la dépression majeure donc si c’est votre cas votre médecin vous prescrira plutôt des antidépresseurs.
Le traitement hormonal de ménopause
Si vous souffrez d’un syndrome dépressif mineur vous pouvez également demander à vous faire prescrire un traitement hormonal de ménopause. Le traitement hormonal de ménopause consiste à prendre des oestrogènes bio-identiques (similaires à ceux qui sont produits par notre organisme naturellement avant la ménopause), souvent sous la forme d’un gel transdermique (qui traverse la peau, que l’on va appliquer sur le ventre ou à l’intérieur des cuisses), accompagné de progestérone sous la forme d’une pilule, sauf pour les femmes qui ont subi une hystérectomie à qui on ne donne que de l’oestrogènes.
Nous l’avons vu au début de l’article, la progestérone et les oestrogènes sont impliqués dans la régulation de l’humeur ce qui fait que le traitement hormonal de ménopause est aussi efficace sur les symptômes psychologiques.
Les traitements naturels pour réguler le syndrome dépressif
Si vous souffrez d’un épisode dépressif caractérisé (ou d’une dépression majeure), nous ne recommandons pas les traitements dits naturels qui seront insuffisants. Il faut vous tourner vers votre médecin, votre gynécologue ou votre psychiatre pour obtenir la bonne prise en charge et le bon traitement. En revanche, si vous souffrez d’un syndrome dépressif mineur, certains traitements naturels peuvent suffir.
En effet, certains traitements dits naturels agissent comme des inhibiteurs de recapture de la sérotonine comme ceux à base d’extraits cytoplasmiques de pollen par exemple.
Enfin, le safran est également un principe actif reconnu pour réguler l’humeur mais veillez à vous procurer un complément avec un dosage suffisant.
Laure Blondel
Expert nutritionniste
Sources
[1] https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/medecin/sante-prevention/pathologies/episode-depressif-caracterise-adulte
[2] https://www.who.int/fr/health-topics/depression#tab=tab_1