Cancer et ménopause

Véronique Cayol

Gynécologue

Sommaire

> Le cancer du sein à la ménopause

> Le cancer du col de l'utérus à la ménopause


Le cancer du sein à la ménopause

Un cancer du sein est une tumeur maligne qui s’est formée initialement à partir de cellules du sein. Aujourd’hui, 1 femme sur 8 développe un cancer du sein dans sa vie.

Cet article s’intéresse aux facteurs de risques de cancer du sein à la ménopause, aux mesures de prévention que vous pouvez mettre en place à titre individuel, et aux moyens de dépistage qui sont mis à votre disposition. La plupart des cancers du seins aujourd’hui ont de bonne chance de guérir s’ils sont diagnostiqués à temps !

Quel est le lien entre cancer du sein et la ménopause ?

C’est entre 50 et 74 ans que les femmes sont les plus à risque de développer un cancer du sein. Il n’est toutefois pas directement lié à la ménopause. Ce n’est pas elle qui fait augmenter le risque de cancer du sein même si l’âge où le risque est le plus élevé correspond à peu près à l’âge de la ménopause !

En revanche, il est vrai que le cancer du sein augmente avec l’âge et avec le nombre de cycles menstruels que la femme aura traversés. Donc, si une femme a eu sa puberté très jeune, ou qu’elle entre en ménopause de façon tardive, son risque de cancer du sein sera plus élevé !

Pour ce qui est du lien entre cancer du sein et traitement hormonal de la ménopause, on entend beaucoup de fausses informations. Le traitement hormonal de la ménopause, tel qu’il est prescrit aujourd’hui en France (combinaison d’oestrogènes par voie transdermique et de progestérone micronisée) n’augmente que très peu le risque de cancer du sein. Il va plutôt favoriser un micro-cancer déjà existant. Il n’est donc contre-indiqué que chez les femmes qui ont un historique personnel de cancer du sein.

Autres causes possibles

N’ayez pas peur, votre âge n’est pas le seul facteur qui augmente le risque de cancer du sein ! 75% des femmes qui ont un cancer du sein n’ont d’ailleurs aucun facteur de risque.

En effet, une étude menée par l’INSERM en 2016 a conclu que plus de la moitié des cancers du sein qui apparaissent après la ménopause (53%) auraient pu être évités. Ces 53% de cancer sont dus par exemple à un indice de masse corporelle trop élevé, à une consommation d’alcool trop importante, au tabagisme, à un sous-poids à l’âge de la puberté.

Les bonnes habitudes à prendre

En voici quelques-unes, qui vous permettront de réduire votre risque de façon significative :

  • Diminuer sa consommation d’alcool (8700 cas par an lui sont attribuables)
  • Surveiller son poids (4900 cas par an sont attribuables au surpoids)
  • Arrêter de fumer (2600 cas par an sont attribuables à la consommation de tabac)
  • Manger de façon équilibrée (2500 cas par an sont attribuables à une mauvaise alimentation)
  • Faire suffisamment d’activité physique ! Au moins 30 minutes de marche par jour si vous ne faites pas de sport.

Sur un total de 60 000 cas diagnostiqués en France en 2017, ceux-ci représentent une part très significative !

D’autre part, surveillez vos seins régulièrement. Il est recommandé de consulter votre médecin traitant ou gynécologue 1 fois par an pour qu’il surveille vos seins. Vous pouvez également les surveiller vous même via l’auto-palpation. C’est une pratique qui consiste à se palper les seins soi-même en réalisant de petits cercles avec deux doigts sur toute la surface du sein en remontant jusqu’à l’aisselle.

Dans quels cas aller consulter ?

  • Si vous constatez une boule ou une grosseur anormale au niveau du sein ou de l’aisselle. D’où l’intérêt de le faire régulièrement pour distinguer l’habituel de l’inhabituel.
  • Lorsque vous remarquez une rougeur sur la peau de vos seins ou un aspect “peau d’orange” inhabituel
  • Si vous remarquez un écoulement au niveau du mamelon.


Le programme de dépistage national

En plus de communiquer régulièrement sur ces bonnes pratiques, l’Etat à mis en place un programme de dépistage national. En effet, la probabilité de guérison d’un cancer du sein aujourd’hui est de 90% s’il est diagnostiqué à temps. La plupart des cancers du sein sont hormono-dépendants et bénéficient d’un traitement bien codifié.

Il existe certes les fameux cancers “triple négatifs”. Ils sont appelés ainsi car ils ne présentent pas les récepteurs habituels qui permettent de les traiter de façon ciblée. Ceux-ci concernent surtout les femmes jeunes et sont de mieux en mieux traités. Donc diagnostiquer un cancer à temps à l’âge de la ménopause est réellement la clé ! 

Ce programme existe depuis 2006 et consiste à envoyer tous les 2 ans aux femmes entre 50 et 74 ans une invitation au dépistage pour qu’elles se rendent chez un radiologue agréé pour une mammographie et un examen clinique (palpation du sein). C’est entièrement pris en charge par la sécurité sociale !

Pourtant, seulement 50% des Françaises dans la tranche d’âge y participent. Ce programme a déjà amélioré le taux de mortalité lié au cancer du sein de presque 20% !


Le cancer du col de l'utérus à la ménopause

Le cancer du col de l’utérus est le 12e cancer le plus fréquent chez la femme en France ! L’âge moyen de diagnostic de ce cancer est de 51 ans. C’est un cancer plutôt rare mais très contrôlé par les gynécologues en consultation. Comprendre son fonctionnement pourrait vous intéresser !

Le papillomavirus

Le cancer du col de l’utérus est uniquement causé par un virus qui se transmet par voie sexuelle : le papillomavirus ! C’est l’un des seuls cancers à se développer uniquement de cette façon. 80% des adultes contracteront un jour dans leur vie le papillomavirus humain (HPV). C’est une infection très courante et peu grave, l’infection n’aboutit que très rarement à un cancer. Le HPV se transmet lors des rapports sexuels, même s’il n’y a pas de pénétration : le contact peau contre peau suffit à transmettre le virus. Le HPV peut ainsi se transmettre par le sexe, les doigts, la bouche...

Il existe 200 variants différents de ce virus, et 2 variants seulement provoquent la majorité des cancers (les HPV de type 16 et 18). En tout, seulement 12 sont oncogènes.

Comme tous les virus, le papillomavirus pénètre nos cellules (ici les cellules du col de l’utérus). Il utilise notre système cellulaire de réplication de l’ADN pour se répliquer et envahir de plus en plus de nos cellules. La plupart du temps, notre système immunitaire suffit à éliminer le virus. Mais dans certains cas, en particulier s’il s’agit des types de HPV 16 et 18, notre système immunitaire ne parvient pas à supprimer le virus et l’infection persiste. Si le virus persiste, il peut provoquer des lésions sur les cellules de la muqueuse utérine, appelées lésions précancéreuses. C’est un processus très lent.

Les lésions précancéreuses : les cellules de l’épithélium (la première couche de cellules de la muqueuse) ont été abîmées par la persistance du virus. Si ces lésions sont observées chez une patiente, elles ne vont pas nécessairement aboutir à un cancer. Elles peuvent très bien guérir spontanément ou rester à leur stade “pré-cancéreux”.


Le cancer du col de l’utérus

C’est lorsque les lésions précancéreuses affectent entièrement l’épithélium que l’on parle de cancer.

Ensuite, on distingue deux stades de cancer différents :

Le cancer in situ : lorsque les cellules anormales n’ont pas franchi la membrane basale et sont restées dans le cadre de l’épithélium. A ce stade, le cancer est assez précoce et peut être traité en supprimant les cellules anormales.

Le cancer invasif : lorsque les cellules anormales ont franchi la membrane de l’épithélium pour pénétrer dans les tissus. C’est à ce stade que le cancer peut se propager et aller atteindre d’autres organes. Si les cellules cancéreuses rejoignent le système sanguin ou lymphatique elles peuvent aller former des métastases sur des organes assez éloignés !


Prévention, diagnostic et traitement

Chaque année 3000 femmes développent un cancer du col de l’utérus en France, et 1000 en meurent. Comme tous les cancers, plus il est diagnostiqué tôt plus il est simple à traiter ! Le diagnostic est donc très important.

C’est l’examen gynécologique bien connu appelé “frottis” qui permet de détecter le cancer du col de l’utérus. Cet examen est entièrement pris en charge par la Sécurité Sociale dans le cadre du Programme de Dépistage National. Le professionnel de santé habilité se munit d’un écouvillon et va prélever des cellules sur la muqueuse de l’utérus.


Selon l’âge de la patiente, les protocoles sont différents

Si la patiente a moins de 30 ans, le prélèvement des cellules du col de l’utérus vise directement à les observer et voir s’il y a une inflammation causée par le virus.

Si la patiente à plus de 30 ans, le prélèvement vise d’abord à détecter la présence ou non du virus dans les cellules.

Les deux premiers frottis sont réalisés à 1 an d’intervalle, puis tous les 3 ans jusqu’aux 30 ans de la patiente. Ensuite, à partir de 30 ans et jusqu’à 65 ans, on recherche le HPV. Si on trouve le virus, le frottis à proprement parler est réalisé (analyse des cellules du col pour voir s’il y a des anomalies dues au virus). Si il n’y avait pas de HPV, on fait un nouveau prélèvement 5 ans plus tard. Les cancers du col de l’utérus apparaissent en moyenne 10 ans après la première infection au HPV.

Les frottis sont un mode de prévention dits “secondaires” : on cherche à faire un diagnostic de la maladie le plus tôt possible mais on ne cherche pas à empêcher son apparition. Pour le HPV, un mode de prévention primaire a également été mis en place en France : la vaccination ! Le vaccin se fait sur les femmes au tout début de leur vie sexuelle, entre 11 ans et 18 ans révolus.

Si le virus n’a pas été diagnostiqué à temps et qu’un cancer est apparu, la patiente sera traitée par chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie. Le traitement (seul ou en combinaison avec une autre approche) sera déterminé en fonction du stade d’avancement du cancer.

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