Ménopause et diabète

Laure Blondel

Experte nutritionniste

Sommaire

> Les changements métaboliques pendant la ménopause

> Quels sont les impacts du diabète sur la ménopause ?

> Diabète et ménopause, que dit la science ?

> Comment gérer son diabète à la ménopause ?


Bien que la ménopause puisse rendre plus difficile le contrôle de la glycémie, il existe un certain nombre de mesures que vous pouvez prendre pour améliorer la gestion de la ménopause et réduire son impact sur le contrôle de votre diabète.

Comment mieux gérer son diabète pendant la ménopause ? La réponse dans cet article.

Les changements métaboliques pendant la ménopause

À mesure que nous avançons en âge, le corps produit moins d'œstrogène et de progestérone, des hormones qui affectent la façon dont les cellules réagissent à l'insuline (une hormone qui régule la glycémie).


De ce fait, certains des changements qui se produisent dans le corps pendant la ménopause peuvent exposer à un risque de diabète de type 2 :

  • Le métabolisme ralentit, ce qui provoque une diminution de la masse maigre et une réduction de la dépense énergétique sans modification des apports [1].
  • La ménopause est associée à une augmentation de la masse grasse, en particulier dans la région abdominale [1]. Cela rend le corps plus résistant aux effets de l'insuline.
  • Le corps libère moins d'insuline et les cellules ne répondent plus aussi efficacement à celle-ci.


Quels sont les impacts du diabète sur la ménopause ?

Le diabète peut amplifier certains symptômes de la ménopause. Par ailleurs, ces symptômes peuvent être confondus avec des symptômes d'hyperglycémie ou d'hypoglycémie entraînant parfois une suralimentation et une éventuelle prise de poids. En second lieu, le diabète peut endommager les nerfs du vagin, ce qui rend plus difficile la sensation de plaisir et l'atteinte de l'orgasme lors des rapports sexuels. 

Pendant la préménopause (lorsque les cycles menstruels ralentissent mais ne se sont pas arrêtés), l'œstrogène et la progestérone sont instables et causent des problèmes sur la gestion du diabète. Au fur et à mesure que ces changements se produisent, le diabète peut devenir instable au fil du temps.


Qu’est-ce que la résistance à l’insuline ?

Tout d’abord, une partie des calories ingérées se présentent sous la forme de glucides simples, des sucres (glucose) qui pénètrent rapidement dans la circulation sanguine. L'organisme doit alors libérer des niveaux élevés d'insuline pour contrôler le glucose

Si trop de glucides simples pénètrent dans le corps, les cellules ne peuvent tout simplement plus suivre. Elles cessent de répondre au signal de l'insuline et l'organisme devient alors résistant à celle-ci. Il est alors forcé de libérer encore plus d'insuline dans le but d’éviter une hyperglycémie. À terme, des taux élevés et prolongés d'insuline dans le corps perturbent le métabolisme cellulaire et propagent l'inflammation. Lorsque l'organisme est incapable de contrôler la glycémie, cela peut conduire au diabète.

Toutefois, la modification de votre régime alimentaire peut contribuer à stopper ce mécanisme. Équilibrer le métabolisme de l’insuline peut permettre de réduire les bouffées de chaleur, perdre du poids et soulager les autres symptômes de la ménopause. Le rétablissement de l'équilibre de toutes vos hormones est essentiel pour une santé optimale. 


Comment savoir si on est résistant à l'insuline ?

Tout le monde peut devenir résistant à l'insuline. 

  • En cause, un régime alimentaire composé majoritairement d'aliments transformés et raffinés augmente les besoins en insuline du corps pour les métaboliser. Pourtant, plus il y a d'insuline dans le sang, moins vos cellules réagissent à cette hormone. 
  • Si vous décelez un taux élevé de cholestérol, de triglycérides ou si vous souffrez d’hypertension, pensez à vérifier votre résistance à l'insuline, quel que soit votre poids ou votre âge. 
  • Vous êtes également à risque de développer une résistance à l'insuline si vous avez des antécédents familiaux de diabète de type 2 ou si vous avez déjà souffert de diabète gestationnel, d'hypertension ou de surcharge pondérale.

Cependant, avec de la vigilance et un diagnostic précoce, vous aurez toutes les chances d’inverser la tendance.


Diabète et ménopause, que dit la science ?

Une ménopause précoce nous rend-t-elle plus à risque de souffrir de diabète de type 2 ? 

Les études examinant l'association entre l'âge à la ménopause et le diabète de type 2 sont contradictoires, quelques études ne signalant aucune association et d'autres signalant une probabilité plus élevée d'avoir un diabète de type 2 avec une ménopause précoce [3] [4].

Aussi, des facteurs liés au mode de vie tels que le tabagisme et la consommation d'alcool sont étroitement liés à l'âge à la ménopause. Par exemple, les fumeurs atteignent la ménopause en moyenne 2 ans plus tôt que les non-fumeurs [5].

Par conséquent, la relation entre l'âge à la ménopause et le diabète de type 2 peut-être faussée par ces facteurs. 

L’insulino-résistance peut-elle s'aggraver avec la ménopause ?

Des chercheurs ont montré une augmentation de l'insuline à jeun [6] et une augmentation de la glycémie à jeun [7] chez des patientes ménopausées par rapport aux préménopausées, ce qui impliquerait une aggravation de la résistance à l'insuline avec la ménopause. Cependant, la sensibilité à l'insuline peut s'aggraver avec l'âge. De plus, d'autres études n'ont montré aucune différence de sensibilité à l'insuline chez les femmes ménopausées par rapport aux femmes préménopausées [8].

Comment gérer son diabète à la ménopause ?

Quelle alimentation adopter pour gérer son diabète pendant la ménopause ?

Des modifications du mode de vie, telles qu'une alimentation saine et une augmentation de l'activité physique peuvent permettre de mieux gérer son diabète pendant la période de la ménopause.

  • Tout d’abord, privilégiez la consommation de graisses mono et poly insaturées (présentes dans les graines, les noix, l’huile de lin, de colza, d’olive ou encore dans l’avocat).


Une étude a révélé que l'avocatine B, une molécule présente uniquement dans les avocats pourrait réduire la résistance à l'insuline [9].

  • Consommez des céréales complètes riches en fibres tels que le riz complet, le sarrasin, le quinoa ou les pâtes complètes.

Selon une revue, le riz à grains entiers est significativement plus efficace que le riz blanc pour stabiliser la glycémie après un repas [10].

  • Adoptez un régime alimentaire riche en légumes, fruits et légumineuses.

L'augmentation de l'apport en aliments riches en vitamine C peut aider les personnes atteintes de diabète à réduire l'inflammation [11]. Les épinards, le chou frisé et d'autres légumes-feuilles sont de bonnes sources de vitamines et minéraux, dont la vitamine C.

  • Privilégiez un apport en protéines provenant principalement de poisson, de viande maigre (viande blanche principalement) ou de produits laitiers
  • Privilégiez les acides gras oméga-3 (présents dans le saumon, le maquereau, la sardine, le lin, les noix ou encore l'huile de colza..). 

Des études montrent que la consommation de poisson gras peut aider à réguler la glycémie. Une étude portant sur 68 adultes en surpoids a d’ailleurs révélé que les participants qui consommaient du poisson gras présentaient des améliorations significatives de la glycémie après les repas par rapport aux participants qui consommaient du poisson maigre [12].

  • Consommez des aliments riches en calcium, en magnésium et en vitamine D (présents dans les légumes verts, les légumes colorés et les produits laitiers, tels que le yaourt, le fromage et le lait).

Certaines preuves établissent un lien entre la consommation de produits laitiers et une diminution du risque de ménopause prématurée. Dans une étude, les femmes ayant l’apport le plus élevé en vitamine D et en calcium grâce au fromage et au lait avaient un risque réduit de 17% de ménopause précoce [13]. 

  • Limitez la consommation d'alcool et de sel.

Dans une étude portant sur 196 femmes ménopausées, la consommation de caféine et d’alcool a augmenté la gravité des bouffées de chaleur mais pas leur fréquence [14].

>> Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez-pas à poser toutes vos questions à notre équipe de diététiciens dans l’application Omena ! 

Aussi, nous vous encourageons à la pratique d'un sport de manière régulière (au moins 150 min par semaine d'exercice modéré ou 75 min d'exercice intense par semaine). En effet, se dépenser peut aider à réguler la fonction métabolique et à soutenir l'équilibre hormonal.

Enfin, en réduisant ou en prévenant le stress, vous diminuez la pression exercée sur les glandes surrénales en aidant à contrôler les niveaux d'insuline.

Ce qui fonctionne pour certaines personnes ne fonctionnera pas toujours pour d'autres. Nous vous invitons donc à tester et à adopter les aliments qui vous conviennent le mieux. 


Quelles actions mettre en place au quotidien ?

  • Vérifiez votre glycémie

La variation des taux d'hormones peut provoquer des variations de la glycémie. Vérifiez votre glycémie plus souvent que d'habitude. 


  • Ajustez votre traitement contre le diabète

Si votre glycémie augmente en raison de changements hormonaux ou d'une prise de poids, consultez votre médecin.


  • Préservez votre vie sexuelle

Si vous souffrez de sécheresse vaginale et d'un manque de désir dû au diabète, un lubrifiant vaginal peut soulager la sécheresse et rendre les relations sexuelles plus confortables. 


  • Vérifiez votre poids

Ajustez votre apport calorique et faites de l'exercice. N’hésitez-pas à consulter un expert de la nutrition pour obtenir des conseils sur la façon de perdre du poids.


>> Si vous recherchez des recommandations personnalisées sur votre alimentation, vous pouvez poser toutes vos questions à notre équipe de diététiciens dans l’application Omena ! 



  • Surveillez les infections urinaires

Une glycémie élevée peut développer un environnement avantageux pour les bactéries. De plus, la baisse des œstrogènes pendant la ménopause augmente votre risque de contracter une infection. Si vous présentez des symptômes tels qu'un besoin urgent d'aller aux toilettes ou des brûlures, consultez votre médecin.


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Sources

[1] Leeners B, Geary N, Tobler PN, Asarian L. Ovarian hormones and obesity. Hum Reprod Update. 2017 May 1;23(3):300-321. doi: 10.1093/humupd/dmw045. PMID: 28333235; PMCID: PMC5850121.

[2] Stefanska A, Bergmann K, Sypniewska G. Metabolic Syndrome and Menopause: Pathophysiology, Clinical and Diagnostic Significance. Adv Clin Chem. 2015;72:1-75. doi: 10.1016/bs.acc.2015.07.001. Epub 2015 Aug 21. PMID: 26471080.

[3] Luborsky JL, Meyer P, Sowers MF, Gold EB, Santoro N. Ménopause prématurée dans une étude de population multiethnique sur la transition de la ménopause. Hum Reprod. 2003 ; 18 :199–206. doi : 10.1093/humrep/deg005. 

[4] Brand JS, van der Schouw YT, Onland-Moret NC, et al. Âge à la ménopause, durée de vie reproductive et risque de diabète de type 2 : résultats de l'étude EPIC-InterAct. Traitements diabétiques. 2013 ; 36 :1012–1019. doi : 10.2337/dc12-1020.

[5] Sun L, Tan L, Yang F, et al. Une méta-analyse suggère que le tabagisme est associé à un risque accru de ménopause naturelle précoce. Ménopause. 2012 ; 19 :126–132. doi : 10.1097/gme.0b013e318224f9ac. 

[6] Pöhlman HE , Tôt MJ , Gardner AW 1995 Modifications du bilan énergétique et de la composition corporelle à la ménopause : une étude longitudinale contrôlée. Ann Stagiaire en médecine 123 : 673 – 675

[7] Lyncher N / A , Ryan COMME , Berman DM , Sorkin JD , Nicklas BJ Comparaison du VO 2 max et des facteurs de risque de maladie entre les femmes périménopausées et postménopausées. Ménopause 9 : 456 – 462

[8] Walton C , Godsland SI , plus fier UN J , Wynn V , Stevenson JC 1993 Les effets de la ménopause sur la sensibilité, la sécrétion et l'élimination de l'insuline chez les femmes non obèses en bonne santé. Eur J Clin Invest 23 : 466 – 473

[9] Avocatin B Protects Against Lipotoxicity and Improves Insulin Sensitivity in Diet-Induced Obesity. Nawaz Ahmed, Matthew Tcheng, Alessia Roma, Michael Buraczynski, Preethi Jayanth, Kevin Rea, Tariq A. Akhtar, Paul A. Spagnuolo. First published: 14 October 2019

[10] Musa-Veloso K, Poon T, Harkness LS, O'Shea M, Chu Y. The effects of whole-grain compared with refined wheat, rice, and rye on the postprandial blood glucose response: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Am J Clin Nutr. 2018 Oct 1;108(4):759-774. doi: 10.1093/ajcn/nqy112. PMID: 30321274.

[11] Wilson R, Willis J, Gearry R, Skidmore P, Fleming E, Frampton C, Carr A. Inadequate Vitamin C Status in Prediabetes and Type 2 Diabetes Mellitus: Associations with Glycaemic Control, Obesity, and Smoking. Nutrients. 2017 Sep 9;9(9):997. doi: 10.3390/nu9090997. PMID: 28891932; PMCID: PMC5622757.

[12] Helland A, Bratlie M, Hagen IV, Mjøs SA, Sørnes S, Ingvar Halstensen A, Brokstad KA, Sveier H, Rosenlund G, Mellgren G, Gudbrandsen OA. High intake of fatty fish, but not of lean fish, improved postprandial glucose regulation and increased the n-3 PUFA content in the leucocyte membrane in healthy overweight adults: a randomised trial. Br J Nutr. 2017 May;117(10):1368-1378. doi: 10.1017/S0007114517001234. Epub 2017 Jun 13. PMID: 28606215.

[13] Purdue-Smithe AC, Whitcomb BW, Szegda KL, Boutot ME, Manson JE, Hankinson SE, Rosner BA, Troy LM, Michels KB, Bertone-Johnson ER. Vitamin D and calcium intake and risk of early menopause. 

[14] Une étude exploratoire sur la relation perçue de l’alcool, de la caféine et de l’activité physique sur les bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées. Jay Kandiah , Valérie Amend 

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