La ménopause induite

Amytis Heim

Interne en gynécologie

Sommaire

> Définition de la ménopause artificielle

> Pourquoi induire une ménopause ?

> Le traitement hormonal dans le cas de la ménopause artificielle

> Les solutions en cas de contre-indication du traitement hormonal


C'est quoi la ménopause artificielle ?

La ménopause induite (ou artificielle) est une ménopause qui résulte d’une intervention médicale ou chirurgicale, par opposition à la ménopause naturelle qui est un phénomène naturel. Elle peut être un effet secondaire d’un traitement pour une autre maladie (par exemple dans les thérapies anti-hormonales du cancer du sein), ou l’objectif thérapeutique désiré (par exemple pour soulager certaines endométrioses résistantes à d’autres traitements). Elle peut être temporaire lorsqu’elle est induite par des médicaments, alors qu’elle est en générale définitive lorsqu’elle est liée à un acte chirurgical.


Pourquoi induire une ménopause ?

La ménopause, qu’elle soit induite ou naturelle, entraîne l’arrêt des cycles menstruels (et des menstruations) et de la sécrétion d’oestrogènes par les ovaires.

Certaines maladies, de par leur hormono-dépendance, nécessitent la mise en place d’un traitement médical par le médecin pour arrêter la circulation d’oestrogènes dans le corps. C’est le cas par exemple des cancers du sein hormono-dépendants, dont un des traitements consiste à mettre en place une thérapie anti-hormonale afin que les cellules cancéreuses sensibles aux oestrogènes cessent de proliférer.


D’autres maladies telles que les cancers de l’ovaire (heureusement rares chez les patientes jeunes) nécessitent l’ablation des deux ovaires car il existe un risque important de récidive du cancer sur l’ovaire controlatéral. Ceci induit obligatoirement une ménopause définitive.


Enfin, le Décapeptyl est parfois utilisé pour provoquer une ménopause artificielle sur une courte durée, notamment lors de règles abondantes dûes à des fibromes ou pour traiter une endométriose réfractaire aux autres traitements hormonaux. Ce médicament est un analogue de la GnRH (Gonadotropin-Releasing Hormone), une hormone sécrétée par l’hypothalamus dans le cerveau, qui va stimuler la sécrétion de FSH (Follicle Stimulating Hormone) et de LH (Luteinizing Hormone). Ces dernières vont à leur tour stimuler la sécrétion d’oestrogène et de progestérone.


En saturant les récepteurs à GnRH, le Décapeptyl empêche la sécrétion de FSH et de LH, et donc provoque l’absence de sécrétion d’oestrogènes. Ce traitement provoque le plus souvent des effets secondaires similaires à ceux de la ménopause (bouffées de chaleur, fatigue, augmentation du risque d’ostéoporose), c’est pourquoi il est utilisé le plus souvent sur des courtes durées.


Peu importe l’indication, la ménopause est induite lorsqu’il n’y a pas d’autre alternative thérapeutique. En effet, les oestrogènes sont protecteurs sur le plan cardiovasculaire et préviennent l’ostéoporose chez la femme jeune. On évite donc de provoquer la ménopause chez les femmes jeunes tant que c’est possible !


J’ai une ménopause induite, et je souffre de symptômes de ménopause. Comment faire ?

Que ce soit suite à un traitement médicamenteux ou à une intervention chirurgicale, l’arrêt de la production d’oestrogène par les ovaires peut provoquer les symptômes que l’on retrouve à la ménopause, comme les bouffées de chaleur, les insomnies, les troubles de l'humeur, l'irritabilité, les sueurs nocturnes, les douleurs articulaires ou la sécheresse vaginale.

Parfois, la prise d’hormone n’est pas contre-indiquée pour les femmes ayant subi une ménopause induite : c’est par exemple le cas des femmes qui ont eu une annexectomie bilatérale (ablation de l’ovaire et de la trompe de Fallope associée) dans le cadre d’un cancer de l’ovaire, car le cancer de l’ovaire n’est pas hormonodépendant ! Un traitement substitutif de la ménopause peut alors être prescrit. Il consiste à simuler un cycle naturel, en associant la prise d’un oestrogène à un progestatif. La progestérone est prise sous forme de comprimé, de façon séquentielle ou en continu suivant si les règles sont souhaitées ou non. L’oestrogène est le plus souvent prescrit sous forme de patch ou de gel cutané, et est pris du 1er au 25ème jour du cycle. On peut aussi proposer un traitement par oestrogènes locaux tels que des crèmes ou des ovules appliqués au niveau génital, notamment si la gêne principale est due à la sécheresse vaginale.


Et si la prise d'hormones est contre-indiquée ou non voulue...

Si la prise de traitements hormonaux est contre-indiquée ou non souhaitée, il existe également des traitements non-hormonaux tels que les extraits cytoplasmiques de pollen. En effet, ces extraits cytoplasmiques purifiés et spécifiques de pollens inhiberaient la recapture de la sérotonine au niveau des neurones de l’hypothalamus, une région du cerveau particulièrement affectée lors de la ménopause à cause de l’arrêt de la sécrétion d’oestrogènes. L’hypothalamus joue un rôle important dans la sécrétion des hormones sexuelles, mais aussi dans la thermorégulation ou encore le contrôle du rythme circadien (lié au sommeil). En inhibant la recapture de la sérotonine au niveau des neurones de l’hypothalamus, les extraits de pollen peuvent donc avoir un effet dans le contrôle de la thermorégulation, du sommeil et de l'humeur chez les femmes ménopausées. D'autres solutions comme l'acupuncture peuvent être envisagés.

Pour traiter la sécheresse vaginale, il existe des hydratants vaginaux non hormonaux à base d’acide hyaluronique ou de polycarbophile et glycérine. Le traitement par laser fractionné en CO2 au niveau vaginal a également montré son efficacité sur l’atrophie vulvo-vaginale.


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